Gisela Pankow : filiations dans la psychanalyse des psychoses

Par Marie-Lise Lacas
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Gisela Pankow (1914-1998), psychanalyste française d’origine allemande, a formé plusieurs générations d’analystes à la psychothérapie des psychotiques et laisse une œuvre écrite importante. On associe souvent son nom à l’utilisation de la pâte à modeler comme outil technique privilégié, en méconnaissant ce qui l’articule à une théorisation de la destruction psychotique fondée sur la pratique de la psychanalyse, mais tout autant redevable d’une double formation, scientifique et philosophique, avant d’être médicale et psychiatrique à Tübingen, sous la houlette du Professeur E. Kretschmer, G. Pankow a été imprégnée d’une psychiatrie dynamique, où phénoménologie et gestaltisme s’opposaient à la nosographie descriptive kraepelinienne. Membre de l’I.P.A. par son inscription au groupe allemand D.P.V. (Deutsche Psychoanalytische Vereiningung), sa formation psychanalytique initiée en Allemagne, s’est poursuivie en France et en Suisse où elle s’est intéressée aux travaux du Burghölzli. Elle a également fréquenté la « Chesnut Lodge» aux U.S.A., a rencontré F. Fromm-Reichman, J.N. Rosen et autres. Elle a suivi D.W. Winnicott dans son élaboration du champ transitionnel et du « non représentable » (formlessness). G. Pankow, tout en refusant la thèse d’une origine purement psychogène de la psychose, a cherché une voie d’accès au monde psychotique dans une mobilisation dialectique capable de relancer un processus de symbolisation. Sa théorisation donne à l’« image du corps » une place opératoire, et fait travailler dans la pâte un imaginaire qui est à « greffer ». Les perspectives ouvertes par G. Pankow, par une thèse originale de ses héritages culturels, sont d’un intérêt incontournable pour l’abord psychanalytique et psychothérapeutique des psychotiques et apparentés.

Mots-clés

  • Image du corps
  • Pâte à modeler
  • Psychoses
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