Dette, surmoi et compassion

Par Gérard Bazalgette
Français

À travers un renoncement pulsionnel, le sujet aura obscurément reçu d’un Autre, au titre de l’identification, un certain nombre de significations de lui-même idéales et surmoïques. C’est en celles-ci qu’il va maintenant s’offrir au monde. Mais en s’offrant et en les offrant, c’est à la recherche de ce en quoi il en est assigné qu’il se trouve, cherchant à s’en délester, pour, en un Autre toujours, et au-delà de lui-même, continuer à attendre et à créer ce qui serait sa propre signification. Ainsi, en ce constamment reçu et ce constamment réoffert, va se dessiner le circuit d’une Dette qui sera celui-là même de la production de Sens. La Dette est Dette de Sens. Son sentiment et son concept apparaîtront au sujet, au-delà de ses idéaux, de ses impératifs surmoïques et de sa culpabilité, au titre du savoir qu’il aura acquis d’être inscrit dans une Loi universelle qui transcende les avatars singuliers de l’échange et l’inscrit dans la redevance. Constituer sa propre Dette, ce, sera ainsi renouer à l’infini avec une Loi fondatrice rendue méconnaissable par un Surmoi dont il faut s’affranchir. C’est en cet affranchissement, qui n’est ni rupture ni soumission mais transformation, que le sujet s’accomplira dans sa quête de Sens aussi bien que dans son tracé éthique. Pour qu’il le puisse cependant, il faudra ou il aura fallu qu’au fond de sa détresse, il ait rencontré la solidarité et la compassion inter-humaine.

Mots-clés

  • dette
  • affranchissement du Surmoi
  • compassion
  • désidéalisation
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