Un désaveu de postérité : le couteau de Lichtenberg

Par Sophie de Mijolla-Mellor
Français

La construction théorique en psychanalyse repose sur une contradiction fondamentale : issue des tréfonds de la psyché du créateur et donc, à ce titre, essentiellement singulière, il lui faut cependant s’affirmer comme valable universellement. De manière générale, l’intérêt d’une théorie est évalué à sa capacité d’être reçue, reconnue et prônée par d’autres qui vont dès lors la partager. Cette contradiction entre l’acte singulier du théoricien et le mouvement groupal qui le reprend se concrétise dans l’usage qui va désigner telle ou telle pratique du nom du théoricien auquel elle se réfère, créant ainsi des « freudiens », des « jungiens » ou des « lacaniens ». Le patronyme a perdu sa majuscule, il est devenu adjectif, qualifiant une identité théorico-pratique. Avec la notion de « désaveu de postérité », on s’interroge ici sur la place ambiguë dans laquelle Freud avait mis Jung. Au-delà de l’anecdotique et du récit de vie, on touche la question de l’identité et donc de l’identification qui est au centre de la construction théorique et, bien sûr, de sa transmission.

Mots-clés

  • Autobiographie
  • transmission
  • déviationnisme
  • Jung
  • « virus du pré- curseur »
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