Freud exilé

Par Lya Tourn
Français

Nul n’oserait contester que l’exil de Freud et de beaucoup de ses élèves sous le IIIe Reich ait été le résultat néfaste de la persécution des Juifs par le régime nazi. Mais depuis, l’insistance des régimes totalitaires de toute sorte à continuer de pousser des psychanalystes à l’exil empêche de tenir la condition juive pour seule cause et rappelle que la pratique psychanalytique ne peut être dissociée de la trame sociale qui la garantit. La nécessité d’étouffer la capacité de penser doublée de la volonté d’abolir la mémoire justifient la profonde hostilité de ces régimes pour le « travail de culture» dont la psychanalyse fait éminemment partie. Mais si les nombreux exils qui marquent son histoire n’ont pas été sans effets sur sa pensée et sur sa pratique, la psychanalyse elle-même est placée sous le signe de l’exil. L’exil de Freud à Londres s’inscrit dans une histoire signifiante où l’œuvre de l’auteur et son destin personnel s’avèrent inséparables : son assomption par Freud ouvre sur le « trait unique » d’exilé qui, au-delà de ce qui fait identité entre lui, Moïse et le peuple juif, le lie aussi à l’éternel Œdipe, l’autre grande figure mythique de la psychanalyse.

Mots-clés

  • Exil
  • Roman familial
  • Identification
  • Identité
  • Trait unique
  • Héritage archaïque
  • Avancée spirituelle
  • Exigence d’arrachement
  • Position exilée
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