Des millions de cadavres dans les placards

Par Michèle Porte
Français

Depuis une quinzaine d’années, les historiens tentent de mettre au jour les événements de la guerre de 14-18, tout en dévoilant l’étendue des censures et de l’« oubli » collectif dont ils ont été l’objet. Selon leurs analyses, la « guerre totale» a commencé en 1914, et, à défaut d’être reconnu et élaboré, le déchaînement collectif de la violence et de la cruauté s’est perpétué depuis, sans solution de continuité. Travaillant sur les processus psychiques collectifs, petite-fille d’un fantassin survivant de la Grande Guerre et fille d’un ancien maquisard, j’essaie d’analyser comment le déni du meurtre et de la cruauté m’a été transmis et, ce faisant, de reconnaître la puissance des dynamiques de masse. Le rappel des positions de Freud, pendant la guerre de 14-18 et après, permet de constater qu’il n’a pas échappé à leur emprise, quelle qu’ait été, par ailleurs, la pertinence de ses analyses. En dernière instance, il semble que notre inéducabilité narcissique, accrue par la culture occidentale, entraîne notre soumission aux processus psychiques collectifs.

Mots-clés

  • Grande Guerre
  • Oubli
  • Refoulement
  • Déni et rejet
  • Toute-puissance
  • Narcissisme
  • Psychologie des masses
  • Meurtre
  • Cruauté
  • Jouissance
  • Humiliation
  • honte
  • culpabilité
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