Sublimation et sexualité féminine. À partir d'une lecture de la Correspondancede Marie d'Agoult et de George Sand

Par Janine Filloux
Français

Avec le concept de sublimation Freud a tenté de rendre compte du passage du sexuel au non sexuel sans jamais varier sur l’infériorité de la femme en ce domaine, sur son incapacité « à égaler l’homme dans la sublimation de la sexualité » et partant à œuvrer au développement de la culture et du lien communautaire. Il n’a d’ailleurs semble-t-il pas témoigné d’un quelconque intérêt pour les créations littéraires, artistiques ou scientifiques de femmes du XIXe siècle déjà connues à sa naissance, telle George Sand dont l’œuvre littéraire abondante s’impose dans la littérature romantique française. Dans la Correspondance avec Marie d’Agoult, avec qui George Sand sera liée d’une amitié intense pendant une courte période de sa vie, s’appréhende comment, faute de pouvoir affronter le travail de la haine vis-à-vis de l’objet primaire, le lien affectif entre deux femmes ne peut trouver d’issue sublimatoire. En revanche, l’œuvre de George Sand, ses romans, ses écrits autobiographiques, ses multiples Correspondances – avec Gustave Flaubert tout particulièrement – témoigne avec force d’une possible métabolisation de cette haine au travers de la création littéraire. La question d’un rapport particulier de la femme à la sublimation, non aligné sur le modèle freudien de la sublimation, apanage du masculin, se pose à partir de la conception de l’implication de l’écrivain dans son œuvre, des conflits qu’elle doit assumer pour rendre opérante sa bisexualité psychique et d’une frontière qui paraît incertaine entre sublimation et idéalisation.

Mots-clés

  • Sublimation
  • Amitié
  • Création
  • Matricide
  • Identité sexuée
  • Double
Voir l'article sur Cairn.info