Passeurs de mémoire

Par Muriel Montagut
Français

S’engager dans une mission humanitaire constitue une exhortation à témoigner. Comment témoigner face au traitement de l’information par les médias, aux logos transformés, simplifiés, aux images non diffusées au profit du sensationnel? D’un côté, des journalistes soumis à la contrainte du scoop, tentent de se rapprocher de ce qui se produit hors du champ de la caméra par une dramatisation, une accentuation de traits supposés caractéristiques. D’un autre côté, frustration et exaspération des personnes sur le terrain qui voient leur discours radicalisé par l’effet de montage. Entre les deux, des gens qui désirent témoigner, mais la présence d’une caméra les incite à tenir des propos drastiques. C’est au travers d’exemples issus d’une expérience en tant que psychologue clinicienne dans la Bande de Gaza que j’illustrerai ce décalage entre le terrain et le traitement de l’information par les médias. Malgré ces difficultés, le témoignage peut être un outil d’information à condition de s’en donner les moyens en terme de temps, et donc de financement. Quant à la position de psychologue, du fait d’un dispositif clinique très particulier – la présence conjointe d’un interprète et d’un étranger –, les patients nous considèrent comme passeurs de mémoire.

Mots-clés

  • Témoignage
  • Journalisme
  • Terrorisme
  • Conflitisraélo-palestinien
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