Une « utopie » à la croisée de la psychiatrie et de la psychanalyse : la psychothérapie institutionnelle

Par Michelle Moreau Ricaud
Français

Dans les années quarante, en pleine guerre, une critique politique et médicale de la structure de l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban va entraîner sa transformation radicale et donner naissance à un mouvement dit de « psychothérapie institutionnelle ». C’est le Dr François Tosquelles, psychiatre catalan communiste exilé en Lozère qui conduit cette expérience princeps avec quelques collègues. Il s’appuie sur deux référents théoriques : la psychanalyse et le marxisme. Cette idée utopique va essaimer dans les années cinquante et s’expérimenter ailleurs et autrement, d’abord dans trois cliniques privées du Loir et Cher, Jean Oury à La Borde (Cour Cheverny), Claude Jeangirard à La Chesnaie (Chailles) et Bidault à Saumery, puis dans une clinique créée par la M.G.E.N. à La Verrière, avec Sivadon, avant d’influencer enfin les psychiatres publics qui introduisent des réformes dans leurs services (Daumezon, Bonnafé, Torubia, Gentis, à Orléans, Millon à Grenoble, Vermorel à Chambéry, Koechlin, etc.). Des résultats thérapeutiques patents inspirent la réorganisation des soins psychiatriques en France, commencée en 1960 : le « Secteur ». Qu’en est-il de ce mouvement aujourd’hui où la politique de santé et la formation du psychiatre se dégradent ? La passion qui animait les fondateurs pourra-t-elle se transmettre ?

Mots-clés

  • Hôpital psychiatrique de Saint-Alban
  • F. Tosquelles
  • Psychoses
  • Le « club thérapeutique »
  • Mouvement de « psychothérapie institutionnelle »
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