La langue des Khmers rouges : une opération sans reste

Par Janine Filloux
Français

En conclusion de son livre L’apprenti-historien et le maître-sorcier Piera Aulagnier propose une analyse parallèle de l’instance et des modalités de refoulement dans la psychose et dans le discours totalitaire tel que l’œuvre d’Orwell permet d’en saisir le fonctionnement. L’éclairage qu’elle porte sur le modèle métapsychologique qui sous-tend le discours orwellien – tout particulièrement dans 1984 – montre la visée de destruction mise en œuvre par la langue idéologique en tant que création d’une langue irreprésentable, sans sujet, par laquelle s’accomplit l’abolition du passé et de la réalité. C’est cette entreprise même de «destruction des souches d’une race» (Kar Pralay Pouch sas) que les dialogues transcrits du film du cinéaste cambodgien Rithy Panh, la machine de mort khmère rouge, permettent d’approcher au mort et au vif entrelacés des échanges entre victimes et tortionnaires du régime totalitaire que l’arrivée au pouvoir des révolutionnaires khmers rouges a instauré de 1975 à 1979 au Cambodge, rebaptisé alors Kampuchea démocratique.

Mots-clés

  • Novlangue
  • Ininscrit
  • Destruction
  • Falsification
  • Répudiation
Voir l'article sur Cairn.info