Sens et non-sens dans la psychiatrie contemporaine : le risque d'abus de certaines « nouvelles interprétations » scientifiques

Par Allannah Furlong
Français

Cet article vise non pas une violence comportementale mais une violence psychique, celle de l’hégémonie du sens. Il s’agit de la plus ou moins douce « violence » d’interprétation que pourraient véhiculer les nouveaux paradigmes de la psychiatrie moderne en refoulant ou en niant l’apport au savoir de la psychanalyse. Ces paradigmes attribuent aux faits objectivables et empiriquement observables une réalité et une causalité première, sinon exclusive. La psyché est dépeinte comme une expression passive de la biologie. Dans le même mouvement, ces nouvelles « interprétations » scientifiques font l’économie de l’examen contre-transférentiel. La contribution du « sens » relationnel à l’évolution psychique est soit minimisée comme un placebo, soit tout simplement évacuée. Pourquoi s’accrocher à la vue des « faits » et abandonner la pensée et ses acquisitions psychanalytiques ? La recherche frénétique d’un « roc » à la base du vécu psychologique révèle à la fois le besoin désespéré de « convaincre » l’autre et la fragilité fondamentale de la capacité du moi de fonctionner sans mise en miroir. Si l’autre ne « voit » pas la réalité psychique si apparente au psychanalyste, ce dernier est-il aussi vulnérable au doute que tout autre sujet, dans sa détermination à défendre ses perceptions face à une réalité extérieure qui les réfute ?

Mots-clés

  • Quête de sens
  • Interprétation
  • Causalité psychique
  • Compulsion à l’association
  • Réalité psychique
  • Travail psychique
  • Code de lecture
  • Neurosciences
  • Violence contre la pensée
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