Le sujet, pour « tenir le coup », peut faire appel à des chimères. Face au traumatisme du deuil, et pour éviter le risque de l’effondrement mélancolique, comment l’endeuillé peut-il résister et se maintenir vivant ? Cette résistance passe par la fabrique d’une « super illusion ». Au XIXe siècle, les photographies spirites furent un phénomène qui vit s’affronter la montée du spiritisme et du scientisme. La croyance en ces formes revient à lutter contre le déni et l’oubli que peuvent susciter les discours de preuve de la science. L’image « illusionnaire », dans son vacillement à être ni vraie, ni fausse, est une croyance nécessaire. Face au succès de cet illusionnisme contestataire qui remet en question les progrès de la science positiviste, l’idéologie de l’époque voit un vrai danger : celui du triomphe des capacités de l’imaginaire, une remise en cause de la scientificité des faits et des comportements. Cet acte de résistance apparaît dans l’histoire concomitamment à l’émergence de la psychanalyse.