Fantasme, Discours, Idéologie

D'une transmission qui ne serait pas propagande
Par Jean-Jacques Pinto
Français

La propagande se rencontre partout, pas seulement en publicité ou en politique. Avant d’être verticale et adressée aux lointains inconnus, elle est horizontale et s’adresse aux connaissances proches. C’est qu’elle repose en fait sur une structure psychique apte à la recevoir et à la répercuter, structure qui résulte de l’identification subjective, inconsciente donc non modifiable par la cognition, l’argumentation, la raison. Plutôt que par Pavlov, la forme et le contenu de la propagande s’expliquent par la subjectivité inconsciente. Celle-ci se laisse décrire dans le champ social par notre « Analyse des Logiques Subjectives » (héritière critique de la théorie des Quatre Discours de Lacan, insuffisante à maints égards). Nous passerons de l’analyse des facettes du « fantasme de propager » (par le détail des expressions qui en constituent les réalisations) à la description des rapports entre Fantasme, Discours et Idéologie : comment les habiles suscitent un écho dans le psychisme de leurs victimes en fédérant des fantasmes divers –voire opposés– dans une synthèse instable, mais que sa patiente répétition a pour effet de maintenir. En psychanalyse, transmettre sans propagande est non seulement possible mais souhaitable : horizontalement chez les analystes, à condition d’y déjouer l’argument d’autorité, et verticalement dans chaque analyse, en défaisant chez l’analysant les réseaux de suggestibilité. Car la psychanalyse, loin de se borner à la simple disparition des symptômes individuels, a pour vocation plus ambitieuse de contribuer à déconstruire le « malaise dans la civilisation ». On serait alors en droit de parler d’un authentique « prévention de la propagande ».

Mots-clés

  • Subjectivité
  • Identification
  • Fantasme
  • Métaphore
  • Analyse des Logiques Subjectives
  • Réseaux de suggestibilité
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