Le hors-temps de la douleur chronique

Par Gérard Reynier
Français

La clinique de la douleur chronique présente souvent des patients venus demander un soulagement qu’ils semblent attendre sans vraiment y croire. Leur espoir s’enlise dans une attente refermée sur elle-même. La douleur chronique a en effet cette particularité de filtrer le temps de sa temporalité.
Elle distord la linéarité du continuum temporel en une circularité tournant a vide. Le patient se trouve alors aspiré dans un hors-temps sans autre débouché que son retour perpétuel. Ainsi, la douleur chronique fige le patient dans un présent éternel et altére sa conscience intime de lui-meme et du monde dont elle l’extrait. Son indicibilité la rend innommable et incommunicable. L’expérience esthétique peut aider le thérapeute a adopter un état d’esprit propice à la réception de l’informe du phénomène douloureux. Condition sine qua non (prerequis obligé) pour utiliser son mouvement et reconstruire un discours sur la douleur susceptible d’être rearticulé à l’histoire du sujet.

Mots-clés

  • Douleur chronique
  • Temporalité
  • Distorsion
  • Informe
  • Transfert
Voir l'article sur Cairn.info