Le montage des autochtonies

Translocalisation de la Terre Mère dans le New Age amérindien
Par Jacques Galinier
Français

Depuis l’époque préhispanique, la Terre alimente les spéculations cosmologiques des populations indiennes de Mésoamérique, en tant que figure dévoratrice, instance maternelle au désir insatiable, réclamant sang, humeurs, sperme, substances de tous ordres, car c’est à ce prix qu’elle assure une fonction vitale. Chez les ritualistes du New Âge, actifs sur la place centrale de Mexico, le Zócalo, le concept de Terre Mère est devenu le vecteur d’une idéologie essencialiste, voire eugéniste, étayée sur une conception revisitée de la religion ancienne, décontaminée de sa dimension sacrificielle. Ce désir d’autochtonie, activé au nom de la pureté de la race indienne et d’un ancrage sur le territoire de l’ex-empire aztèque, entre en syntonie avec la demande d’altérité réclamée par les adeptes du tourisme mystique, sur fond d’écologisme soft et de chamanisme, combinant la quête d’enracinement dans le sol de l’Anahuac avec la construction d’une religion panaméricaine de la Terre Mère, unissant l’ensemble des « tribus » indiennes à l’échelle du continent.

Mots-clés

  • Terre Mère
  • Autochtonie
  • Sacrifice
  • Mexique
  • Amérindiens
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