Une lecture de « Abbés » de Pierre Michon. Du cochon à la tentation du sacré.

Par Bernard Defrenet
Français

Les trois courts récits qui composent Abbés plongent le lecteur dans l’histoire et les légendes troubles d’un médiéval tout autant fondateur que violent. Hantés par l’idée de déchiffrer le monde et dans l’attente d’une approbation supérieure, des hommes vont tenter d’interpréter des signes. Avides de gloire et de chair, des abbés essayent de démêler, de cultiver, de bâtir, mais se confrontent à l’intrication de la gloire, du sexe, et des jalousies mortelles. Le sacré que Michon réintroduit dans le verbe appelle toujours en contre-point le profane, le roturier ; il se rit de lui-même. Le miracle n’est pas là-haut, mais dans le travail obstiné, qui contribue à une écriture dont la fulgurance parle le corps émotionnel et l’excès du langage sur le corps. Avec ses habits de bénédictins, la tentation du sacré qu’explore l’écriture foudroyante de Michon conjugue horreur et éblouissement, désir et mort, mode d’expression secondarisée de la pulsionnalité corporelle, du sexuel infantile.

Mots-clés

  • Création
  • Croyance
  • Écriture
  • Fiction
  • Interprétation
  • Michon
  • Pulsionnalité
  • Réalité
  • Sacré
  • Sexuel infantile
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