Balade avec Virginia Woolf : Vivre ou la conscience de l'illusoire

Par Nourredine Ben Bachir
Français

L’auteur, à partir de certains effets éprouvés résultant de sa lecture de Virginia Woolf, et notamment de la « Promenade au phare », tisse une réflexion entre le texte lu et « l’écriture des séances d’analyse ». À partir d’une fascination première et inquiétante liée à la rencontre de l’œuvre de Virginia Woolf, il tente d’élaborer ce saisissement caractérisé par une suspension de la temporalité et un surinvestissement de l’éphémère renvoyant à une fascination pour la perte d’objet. Ceci le conduit à revisiter le texte de Freud « Éphémère destinée » où Freud s’attache à décrire la dévalorisation de l’objet, réputé périssable, comme forme anticipée du deuil. « La Promenade au Phare », nous ouvre à la célébration de la vie, chaque mot traque l’émergence des choses et des êtres avant de sembler se retourner vers la fascination de ce qui se perd, toute naissance étant alors vécue comme l’actualisation d’une perte. C’est le paradoxe de cette œuvre de nous tenir au seuil de l’enchantement, jetant le matériel qui pourrait être utile à la construction ou à l’accès de souvenirs, à la construction de l’objet « en nostalgie », mais manquant celles-ci dans une attraction mélancolique vers un objet impossible à perdre, souvent lui-même mélancolique ou porteur de failles narcissiques. L’écrivain se montre alors ambivalent vis-à-vis du langage lui-même, précisément parce qu’il menace de détacher de l’objet. L’auteur repère des éléments similaires chez des patients engagés dans une forme de compulsion à dire et à écrire, célébrant les choses, s’accrochant aux mots, dissimulant des points traumatiques dans une associativité pouvant en imposer pour une perlaboration en cours. L’auteur aborde alors les formes que peut prendre le travail analytique pour construire l’objet en nostalgie, et ce faisant, la temporalité et de nouveaux espaces d’investissements.

Mots-clés

  • Éphémère
  • Objet perdu
  • Temporalité
  • Affects douloureux fétichisés
  • Accrochage perceptif aux mots
  • Deuil
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