Le temps, la mémoire et la transformation du trauma :

Marcel Proust, À la recherche du temps perdu
Par Harold P. Blum, Eva D. Papiasvili, Linda A. Mayers, Anne Juran
Français

Le trauma de l’enfance dissimulé sous des souvenirs poignants est un aspect central de La Recherche du temps perdu. L’œuvre maîtresse de Marcel Proust peut être comprise de façon psychanalytique comme l’extraordinaire transformation littéraire d’un trauma sévère et de conflits inconscients associés. L’asthme infantile de Proust, qui faillit lui être fatal, et les maltraitances médicales qui en ont découlé ont créé un intense et ambivalent lien et asservissement à sa mère, répliqués dans les relations ambivalentes dépeintes dans son œuvre. Le passé retrouvé et recréé est revécu sur le terrain de jeu fantasmé du temps et de l’espace. La compréhension intuitive de Proust des aspects signifiants du temps, de la mémoire, et du transfert était contemporaine de la pensée psychanalytique. Dans cette œuvre, la mortification narcissique et les pertes du protagoniste sont pleurées, surmontées et partiellement rachetées. J’interprète la célèbre scène de la madeleine trempée dans du thé comme un déguisement artistique, un déplacement temporel, et un renversement affectif du trauma qui menace la vie. Cet article explore le rôle de l’asthme réfractaire de Proust dans son voyage essouflé vers la maîtrise de l’ego et de la créativité intemporelle.

Mots-clés

  • Proust
  • Traumatisme
  • Mémoire
  • Maladie
  • Créativité
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